PRÉSENTATION
Le Centre culturel, vaste vaisseau ancré sur la Promenade de l’Île, n’est pas seulement un lieu diffusant de la culture. C’est aussi un bâtiment avec son histoire et son importance dans le patrimoine matériel et immatériel de Huy. S’y cristallise l’évolution des arts dans notre ville. Et avant d’être le Centre culturel qu’il est aujourd’hui, il a été un théâtre.
DU THÉÂTRE AU CENTRE CULTUREL
La première apparition d’une troupe théâtrale à Huy date de 1634 et a lieu dans le couvent des Augustins.
C’est en 1811 que le Conseil communal décide de doter la ville d’un théâtre. Pour ce faire, il fait transformer l’église SaintÉtienne. Cependant, ce local qui peut contenir environ 300 personnes se révèle rapidement trop exigu.
Ce n’est que le 20 janvier 1865 que le projet de la construction du Théâtre de Huy est adopté par le Conseil communal. L’architecte Jean-Lambert Blandot en dresse les plans. La pose de la première pierre de l’édifice a lieu le 3 juin de la même année. Le bâtiment prend la forme d’un théâtre à l’italienne : un grand quadrilatère d’une longueur de 40 mètres et d’une largeur de 18 mètres. Le théâtre occupe toute la largeur de l’édifice. L’arrière du bâtiment est composé de plusieurs loges d’artistes et des magasins de décors sont aménagés en annexe. La salle de spectacle peut contenir 600 spectateurs et adopte la forme d’une bonbonnière.
Le Théâtre de Huy voit défiler maintes célébrités musicales et théâtrales comme Eugène Ysaye, José Dupuis, Suzanne Reichenberg…
Les 19 et 20 avril 1925, le théâtre est ravagé par un terrible incendie. Les journaux locaux relatent l’événement et la désolation de la population hutoise face à la destruction de sa très chère salle.
La question de la reconstruction du théâtre est débattue et examinée par une commission spéciale constituée par le Collège échevinal. Il est décidé que la construction d’un nouvel édifice sera assurée par la Ville et que ce dernier s’élèvera sur le même emplacement. L’inauguration du nouveau bâtiment en style Art déco, dessiné par les architectes Polak et Hoch, a lieu le 7 novembre 1927.
L’année culturelle 1955 est marquée par deux événements : l’apparition d’un cinématographe et l’action d’ouverture vers les écoles lancée par le Service d’éducation populaire du Ministère de l’Instruction Publique, sous la forme de trois matinées classiques.
En 1969, une ASBL (association sans but lucratif) liée au lieu se crée : le Centre d’action culturelle pour la région de Huy. L’implication de l’État dans la politique culturelle est grandissante, phénomène reposant sur quelques facteurs essentiels dont la diminution du temps de travail et son corollaire, l’accroissement du temps de loisirs. La culture devient un enjeu politique et une aspiration populaire. Le Centre d’action culturelle est alors reconnu comme Maison de la Culture à vocation régionale (alors que les Foyers culturels développent leurs projets sur le territoire d'une seule commune).
Le 1er juillet 1989, une nouvelle ASBL est créée. Elle prend le nom de Centre culturel de l’Arrondissement de Huy (CCAH). Elle est reconnue comme Centre culturel régional, nouvelle appellation des Maisons de la Culture. Les Foyers culturels deviennent eux des Centres culturels locaux.
POLAK ET HOCH, ARCHITECTES
Michel Polak, architecte suisse, s’installe en Belgique en 1922 suite au chantier du vaste complexe Résidence Palace de Bruxelles. Il rejoint ainsi son collaborateur Alfred Hoch. Polak est l’auteur de nombreux bâtiments de la capitale, un des plus connu étant la villa Empain. Il devient une figure de l’Art déco bruxellois. Son style est somptueux tout en restant classique et empreint de l’influence de la Sécession viennoise.
LA SOCIÉTÉ D’AMATEURS
La Société musicale d’Amateurs est fondée le 12 juin 1853 par Godefroid Camauër.
Elle est logée dans un bâtiment comprenant salles des fêtes et de répétitions. Inauguré en 1858, il est incendié en 1863. Abritée provisoirement dans les locaux de la Société d’Harmonie, elle se voit céder par la Ville une parcelle de terrain d’environ 40 ares, à côté de l’emplacement réservé au futur théâtre communal. La Société d’Amateurs doit prendre à sa charge l’installation d’un kiosque. Il doit être placé de telle manière que la musique que l’on y exécute soit facilement entendue du jardin public.
La Société d’Amateurs ne tarde pas à prendre place parmi les plus renommées du pays et de l’étranger. Les nombreux concours dans lesquels elle se mesure consacrent sa valeur.
Le 7 janvier 1987, un acte authentifie la fusion de la chorale des Amateurs avec celle de la Croix-Rouge. Reste aujourd’hui la chorale de la Croix-Rouge qui occupe la salle dite des Amateurs dans l’actuel Centre culturel.
LE KIOSQUE CAMAUËR
Au 19e siècle, la musique célèbre les événements officiels. Elle accompagne les défilés, les parades et les cortèges folkloriques. Populaire ou savante, elle occupe une place de choix dans la vie quotidienne et tout particulièrement dans les manifestations de plein air. C’est dans ce contexte qu’apparaissent, à partir de 1830, les kiosques à musique.
Les premiers kiosques installés dans les jardins publics sont des édifices en bois, entièrement démontables, de plan circulaire ou polygonal. Ce plan rayonnant suscite spontanément un rassemblement en cercle autour du kiosque.
La construction du kiosque de la Promenade de l’Île, actuellement avenue Delchambre, est prise en charge par la Société d’Amateurs, suivant la convention passée avec la Ville de Huy en 1865. L’architecte hutois Pierre-Joseph Vierset en dresse les plans.
On lui donne plus tard le nom de kiosque Camauër, à la mémoire de Godefroid Camauër, musicien et compositeur hutois de grand talent.
Si l’ère du kiosque est aujourd’hui révolue, cet édifice aura néanmoins eu le mérite de se distinguer des autres lieux de rassemblement par le caractère spontané de son pouvoir d’attraction et de convivialité. Par la diversité des prestations qu’il abritait, il a participé non seulement à l’animation des localités, mais aussi à toute la mouvance de la vie sociale du 19e siècle. Depuis 2008, le Centre culturel a relancé des activités sur le kiosque Camauër (Fête de la Musique, Nuit blanche du Patrimoine…), lui permettant ainsi de garder tout son sens.
Après avoir subit un double déménagement, suite à la construction du cinéma le Kihuy, le kiosque devrait malheureusement être démonté pour des raisons d’instabilité.